Oui monsieur! [ok by Matt]

« Je te rappelle que j'ai fait la promesse de te protéger quand que ce soit. Contre qui que ce soit. Où que ce soit. Alors ne me sors pas les belles paroles du style "j'peux bien me débrouiller toute seule". Je m'en contrefiche. Tu es ma petite sœur, et je te protègerai jusqu'à ma mort. Ça peut sembler égoïste entendu comme ça, mais soit tu l'acceptes, soit nous n'avons plus rien à faire ensemble. Je t'aime, et je ne voudrais pas qu'il t'arrive quelque chose... Mais si, selon toi tu es capable de te débrouiller, alors je n'ai plus rien à faire ici. »

Oups, il s’en été souvenu. Soudain il se leva légèrement irrité, envoya mon bras balader et amorça un pas. Je lui pris fermement la main. Il ne pouvait pas partir. Non. Déjà que nous nous voyions beaucoup moins souvent, j’en mourrais s’il m’abandonnait. Il voulait réellement s’en aller ? Et bien je voulais être égoïste. Je voulais qu’il reste. Je voulais qu’il me prenne dans ses bras. Je voulais l’avoir pour moi, uniquement seul au monde…
A ce moment précis, la seule chose que je regrettais c’est qu’il avait de la force. Mais heureusement il ne l’utilisait pas pour se dégager de ma prise. Au contraire, il était de dos et semblait attendre quelque chose. C’est alors que je dis ces mots :

« Tu m’aime donc aussi peu que ça ? Pour m’abandonner dès la première occasion ? »

J’aurais voulu être plus convaincante. Mais au contraire, j’avais la voix qui tremblait. Il fallait vraiment que je me calme. Je détournai le regard lorsque Ezeckiel se retourna vers moi. Je savais qu’il me scrutait mais je n’y fit pas attention. J’étais vraiment conne ou quoi ? Pour sortir un truc comme ça ! De toute façon, je m’attirais toujours des emmerdes sans le vouloir. Et surtout avec lui je ne voulais pas. C’était comme si j’allais perdre une partie de moi. J’avais un nœud au ventre, la gorge serrée et une violente envie de boire pour tout oublié. Je n’avais pas lâché sa main, la tenant fermement comme le dernier lien que j’avais dans ce silence pesant. Quelque part je l’avais provoqué… Et il n’aimait en général pas ça. A cet instant j’aurais pu fondre en larme. « Faites, qu’il dise quelque chose je vous en prie ! » me répétai-je inlassablement dans ma tête. J’entendais son souffle grave, calme, comme s’il était en train de réfléchir. Réfléchir a quelque chose qui l’avait agacé, je dirais, le connaissant. Le souffle devint de plus en plus léger, s’estompant, annonçant la fin du silence qui était finalement un cadeau. Je retenais également mon souffle de crainte et de peur qu’il me dise ce que je ne voulais absolument pas qu’il me dise : « oui ». Un simple oui qui pouvait me rendre la plus malheureuse créature sur terre. Un seul mot qui pouvait me faire regretté d’avoir parler à cet instant, d’avoir vécu, d’avoir respirer. Et là il ouvrit la bouche…